Rencontre avec Claire-Hélène du collectif de Morlaix

Paroles d'acteurs·trices

La force du Festival des Solidarités réside dans la diversité des acteurs·trices qui portent cet événement national décentralisé. Nous vous invitons donc à découvrir celles et ceux qui organisent le Festisol chaque année, leurs motivations, idées et retour d’expérience. Claire Hélène nous partage quelques aspects marquants de la dynamique collective et des animations organisées à Morlaix. 

 

Je m’appelle Claire Hélène, je suis animatrice au RESAM (Réseau d’échange et de services aux associations du Pays de Morlaix) et j’y anime notamment le collectif de la Maison du Monde.

 

En 2005-2006, dans le cadre de l’Agenda 21 pour la jeunesse en Pays de Morlaix, l’idée de créer une « Maison du monde » avait été évoquée par les jeunes du territoire… En mars 2009 un groupe Mobilité Internationale voit le jour qui deviendra ensuite « La Maison du Monde ». Dès 2013, les associations qui se retrouvent dans ce collectif décident de lancer la première édition du Festival des Solidarités en pays de Morlaix.

Le collectif Maison du Monde est composé d’associations locales qui travaillent pour la solidarité et la mobilité internationale. On y retrouve des associations de défense des droits, mais également des acteurs de la vie locale comme la MJC, les centres sociaux, ainsi qu’un cinéma arts et essai ou encore l’auberge de jeunesse… Cette année, des associations engagées dans l’éducation aux droits de l’enfant nous ont rejoint à l’occasion de notre événement sur ce sujet.

 

Pourquoi avez-vous choisi de vous investir dans le Festival des Solidarités ?

C’est un rendez-vous important. En effet, toute l’année, les associations sont mobilisées chacune sur leur projet. Elles ont alors fait le choix d’organiser le Festisol pour avoir un espace d’action collective entre associations et d’organiser des événements de plus grande ampleur que ce qu’elles pourraient faire séparément.

 

C’est aussi l’occasion de (ré)intégrer des associations dans la dynamique collective. Cette année, cela s’est fait par un « parrainage », où chaque membre du collectif a invité une autre association à rejoindre la dynamique. On a eu deux nouvelles associations par ce biais. Cela a aussi permis de (re)motiver certaines associations qui ont trouvé dans le collectif des personnes avec qui co-porter des actions.

 

Cela permet également de renforcer les liens, échanges et réflexions entre associations. Certaines choisissent alors de travailler ensemble sur de nouveaux sujets. Jacques Normand, coprésident de la Ligue des droits de l’homme Morlaix, témoigne du fait qu’ils s’investissent au sein du collectif citoyens pour le climat et se mobilisent désormais sur les questions environnementales, ce qui est nouveau pour eux. Au moment où il y a un débat sur « droits de l’homme » ou « droits humains », ils vont ainsi travailler sur les « droits de l’humanité », qui élargit la réflexion aux droits de l’ensemble des êtres vivants.

 

Une thématique « droits de l’enfant » qui favorise une belle dynamique collective

Cette thématique a fait consensus, avec les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) fêtés cette année. C’était pour nous l’occasion d’en parler, de faire venir des enfants à nos animations, de rencontrer de nouveaux partenaires. On est notamment allés chercher un collectif qui organise un festival contre les discriminations « L’autre, c’est toi, c’est moi ! ». Il a accroché de suite à l’idée de porter des actions communes sur les droits des enfants. Les membres du collectif « La Maison du monde » ont aussi trouvé intéressant de se mobiliser sur un thème transversal qui ne concerne pas directement l’action de leur association. Ils ont ainsi pu apporter chacun leur vision de comment parler des droits des enfants.

Cette journée du 20 novembre, c’est un temps fort de notre programme. Pour le matin, on fait venir 150 jeunes collégiens, lycéens et venant d’un Institut Médico-Educatif, à qui on propose une initiation clown, des ateliers d’éducation populaire sur la question des droits des enfants, des jeux coopératifs avec la ludothèque, un atelier d’art plastique… Et l’après-midi, ouvert au grand public, on va proposer des ateliers d’expression, du théâtre de l’opprimé, des ateliers chants, un spectacle, un concert… Cette journée devrait nous permettre de faire venir un public nouveau, ça promet d’être intéressant !

 

« Faire connaître les dynamiques locales pour transformer l’essai »

Un des objectifs du Festival des solidarités est de valoriser les associations qui s’engagent localement et inciter les citoyens à s’y impliquer. Pour cela, on a une plateforme bénévolat où l’on recense les besoins des associations en bénévoles, qu’on diffuse lors des soirées, en même temps que les pétitions des associations. On essaie de faire connaître les dynamiques locales pour transformer l’essai : inviter à rejoindre les familles zéro déchet, à devenir bénévoles pour les Temps-Bouilles, une ressourcerie alimentaire. On veut faire réfléchir aux modes de consommation, mais aussi montrer que des collectifs bossent là-dessus et qu’il y a besoin de bénévoles pour les renforcer !

Depuis l’an dernier, il y a aussi le forum jeunes et solidaires, qui consiste à faire se rencontrer des associations qui recherchent des bénévoles et des jeunes qui souhaitent s’impliquer, avec tout un programme d’animations pour favoriser la rencontre et les échanges. Cela répond à un vrai besoin et c’est intéressant car le forum est organisé par les jeunes, qui s’occupent aussi du concert du soir et de trouver une association à soutenir chaque année. Et cela porte ses fruits ! Par exemple, l’an dernier, le forum a abouti à la création d’une antenne jeune Amnesty, qui s’est réinvestie pour le forum jeunes et solidaires de cette année.

On a également accompagné un autre groupe de jeunes intéressés par le journalisme. Ils ont fait quelques reportages lors du Festisol, puis ont suivi une formation assurée par le Télégramme[1]. Ils se sont exercés toute l’année pour couvrir les événements du Festisol. C’est aussi une manière d’inscrire nos actions sur du plus long terme.

C’est dans cette même logique qu’on propose la soirée Ecolo et solidaire. Cela fait quelques temps que l’idée de créer un supermarché coopératif à Morlaix se réfléchit collectivement. On a donc décidé de projeter le film qui retrace l’expérience de Park Slope Food Coop, un supermarché coopératif qui pourrait inspirer la démarche locale. 190 personnes sont venues, nous n’avions pas prévu une telle affluence ! Nous avonspartagé les repas et nous nous sommes serrés dans la salle, et surtout, l’équipe du projet repart avec une belle liste de contacts et pleine d’enthousiasme !

 


[1] Journal régional breton

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