Emmanuel nous partage quelques aspects marquants de la dynamique collective et des animations organisées à Chateaudun.
Le fonctionnement du collectif
La structuration du collectif
Je suis Emmanuel BARBIER, je coordonne le Collectif Dunois de Châteaudun. Je suis éducateur spécialisé dans un CADA. Ça va faire 3 ans qu’on a constitué notre collectif. Il se compose actuellement de 25 associations.
Au départ le collectif s’est formé avec quelques-uns des partenaires du CADA et de quelques-uns de ses partenaires. Le Festival des Solidarités permet de se rencontrer un peu différemment et de lancer des projets ensemble, autour de valeurs communes. Suite à ça, on est très vite montés à une vingtaine de membres.
A l’origine du collectif, nous étions dans un fonctionnement informel qui nuisait à sa lisibilité. On a décidé de passer au format associatif qui a permis de répondre à ce besoin de clarification.
Pour conserver l’esprit collectif initial, on est parti sur une association type collégiale avec une équipe pilote qui se répartit les missions en fonction des disponibilités et compétences de chacun·e.
Le format associatif nous apporte une organisation, puisque notre fonctionnement est écrit dans les statuts. Il nous donne aussi de la visibilité vis-à-vis des financeurs et des partenaires. D’ailleurs, nos statuts prévoient qu’on puisse s’investir dans des projets en dehors du festival, ce qui nous laisse de la souplesse dans notre champ d’action, si l’occasion se présente.
Dans le fonctionnement de notre collectif, il nous semble important de prendre en compte que tout le monde n’a pas le même niveau d’investissement. Cela fait partie des contraintes des personnes et il faut accepter avec plaisir ce que chacun·e peut donner et le remercier sincèrement.
On a une réunion mensuelle collective, qui se termine régulièrement par un repas partagé. Cela permet de maintenir des liens réguliers pendant l’année et de préparer en amont les activités. La convivialité est un aspect important, car elle permet le lien, les attaches et les projets communs.
« C’est une bonne chose de tourner sur la coordination »
Pour des raisons professionnelles, je vais arrêter d’être coordinateur et j’espère que le collectif va continuer avec la même dynamique. Pour bien effectuer la passation, on doit déjà bien la penser. On a commencé par l’annoncer. Après on a demandé s’il y avait des gens qui étaient intéressés pour reprendre la coordination, en précisant aussi que cette mission s’adapte au profil des gens. Les missions peuvent se redistribuer différemment car c’est important de laisser une marge d’adaptation à la personne qui prend la suite.
A priori, c’est une personne déjà bien investie dans le collectif qui reprendra la coordination. En attendant mon départ, je veille à lui faciliter le travail en avançant sur le planning et en limitant nos engagements cette année. L’enjeu c’est que les gens passent une bonne édition, pour que le collectif et nos actions continuent.
Je crois que notre dynamique collective va perdurer même si le collectif va forcément évoluer avec le changement de référent. Je trouve d’ailleurs que c’est une bonne chose de tourner sur la coordination, pour ne pas concentrer les responsabilités sur une même personne.
Des initiatives dont vous êtes fier·e·s
Le Festisol en centre pénitencier pour « faire le lien entre l’extérieur et l’intérieur »
On a par exemple proposé des animations dans un centre pénitencier. Ça n’a pas été évident à mettre en place, parce qu’il faut respecter des protocoles précis. Nous avons pu le faire car un de nos membres, la Ligue de l’Enseignement, y organise déjà des ateliers socioculturels. On peut également s’appuyer sur les aumôneries ou le CCFD, qui travaillent aussi en lien avec les prisons. C’est important de pouvoir s’appuyer sur une structure en lien avec leur service culturel.
L’idée de fond c’est de faire le lien entre l’extérieur et l’intérieur, en organisant des activités dans la prison et en valorisant les créations des prisonniers à l’extérieur. Cette année, des détenus ont travaillé sur un visuel et on aimerait beaucoup valoriser leur travail à l’extérieur. Ça permet de sensibiliser les gens aux potentiels des détenus.
L’an dernier, on a construit un mini festival en prison, avec les détenus, qui ont coordonné le programme en se réunissant en amont. On a pu proposer une exposition de photos, une projection de films et un tournoi de ping-pong entre 5 détenus et 5 membres du collectif.
Dans cette démarche ce qui est important ce n’est pas le nombre de prisonniers qui participent, mais plutôt la qualité des rencontres. Je n’ai pu assister qu’au tournoi de ping-pong. On sent qu’il s’est passé quelque chose de fort dans la rencontre, et pour eux, et pour nous. L’avantage d’une rencontre autour du sport, c’est qu’on était tous égaux, d’autant plus que personne ne savait bien jouer On n’était pas nombreux, donc on a vraiment eu le temps de discuter et d’échanger. Ça leur a fait du bien de faire du sport avec les gens de l’extérieur.
Des actions sur toute l’année
On s’est aperçu que le Festival provoquait des rencontres entre les gens, d’où peuvent naitre des projets annexes. Par exemple, l’aumônerie des jeunes et un CADA ont organisé une soirée pour les femmes isolées, suite à leur rencontre sur le festival. On essaie alors d’identifier ces actions et de les labeliser « Festival des Solidarités ». Ça va nous permettre de nous montrer l’impact qu’on a réellement sur les acteurs et ça produit également un effet d’ensemble plus important.
On souhaite également soutenir les projets des membres du collectif tout au long de l’année, ne serait-ce qu’au niveau de la communication. Si quelqu’un fait un événement et qu’il passe par nous, il va toucher plus de monde.
Tout cela est en train de se mettre en place mais on se voit de plus en plus comme une structure d’accompagnement aux projets locaux. Le temps entre la fin du festival et l’organisation du prochain est toujours un peu long, donc on veut faire des choses dans l’année pour motiver le public et faire entendre régulièrement parler du Festisol. Ça créé une continuité dans nos actions.
Le mot de la fin
Je trouve que quand on parle comme ça, tout paraît parfait. Mais on a aussi nos imperfections. Dans les témoignages on prend toujours le bon côté des choses, mais on a aussi nos difficultés : dans l’investissement des gens, dans le lien, dans les échéances qu’on n’arrive pas toujours à tenir, etc.
Mais grâce à la structuration de notre collectif et aux outils qu’on utilise, on repère plus facilement nos difficultés. C’est la première étape pour trouver une solution ensemble.
Pour aller plus loin dans l’expérience du Collectif Dunois des Solidarités, vous pouvez vous référer à ses statuts associatifs, disponibles ici, ainsi qu’à la fiche-pratique sur la méthode « kanban », disponible ici, expérimentée par le collectif.