Le Collectif du Grésivaudan, constitué en collectif depuis 2006, bénéficie aujourd’hui d’un ancrage territorial notable à l’échelle de la Communauté de communes du Grésivaudan (42 communes). Il n’est composé d’aucun salarié et fonctionne dans un esprit horizontal : il n’y pas de président, de trésorier, de secrétaire ni de CA (en voici les statuts). Philippe Savoye nous en dit plus sur le fonctionnement de collectif.
La mobilisation tout au long de l’année : fruit d’une « fusée à trois niveaux »
Un premier niveau : se connaitre
Le collectif est en contact avec une vingtaine d’associations ainsi que des partenaires qui n’étaient pas nécessairement impliqués dans les questions de solidarité internationale, comme des centres sociaux par exemple. Le choix de ne pas centrer les animations sur des publics convaincus et déjà sensibilisés a aussi amené le collectif à être présent – et à mener certaines des animations principales – dans des lieux décentrés de la solidarité internationale, comme un lycée horticole et Emmaüs. Bien se connaître permet d’identifier des passerelles pour mobiliser des acteurs au-delà des associations membres du collectif.
La notion de convivialité est aussi très importante : lors de chaque réunion, des repas et des moments d’échange ont lieu afin que tout le monde trouve sa place au sein du collectif et prenne plaisir à être là.
Un deuxième niveau : Mener des actions ensemble
Chaque structure membre du collectif ou partenaire a sa personnalité et apporte ce qu’elle a à apporter. L’exemple du partenariat entre le collectif et Emmaüs est parlant : dans un premier temps, la structure n’était pas très intéressée par une collaboration dans le cadre du Festisol car son souhait était de se concentrer sur la dimension de solidarité locale. Cette position a évolué à la suite d’un changement de responsable et diverses actions ont pu être mises en place avec d’importantes contributions d’Emmaüs : une fresque collective au sein de leurs locaux a permis la contribution de nombreuses personnes, qui ne venaient pas pour l’événement à l’origine. De plus, Emmaüs consacre maintenant les revenus des ventes d’une journée par an au financement d’une action spécifique de solidarité internationale : création d’une cantine en Colombie, travail sur l’accueil de personnes handicapées physiques au Mali, financement de la formation d’enseignement supérieur de 4 jeunes bachelières afghanes à Kaboul… Cela a ensuite permis à Emmaüs de mettre en place des actions avec de nouveaux partenaires grâce à l’ouverture et la visibilité que leur a apporté la participation au Festisol…
« La solidarité internationale est un volet en plus de la solidarité au sens large : elle ne va pas en opposition avec la solidarité locale. »
L’événementiel dans le cadre de la quinzaine du festival draine du monde et le fait de se décentrer permet de toucher d’autres publics. Mais le travail et les liens créés tout au long de l’année est tout aussi primordial. L’exposition « Je vais à l’école », créée par le collectif, illustre bien cela. Elle retrace la journée d’un enfant scolarisé à travers le monde en partant des expériences des associations membres du collectif. Outre sa diffusion dans le cadre de la quinzaine du festival, elle peut être montrée tout au long de l’année dans des établissements scolaires.
« Chaque association a sa personnalité et apporte ce qu’elle a à apporter. »
Un troisième niveau : porter politiquement les actions solidarité internationale
Cela permet de faire connaître la solidarité internationale sur le territoire. Un long cheminement est parfois nécessaire pour faire porter politiquement les actions de solidarité internationale dans un territoire, les élus choisissant parfois de se focaliser exclusivement sur les questions de solidarité locale. Dans un premier temps à l’échelle du Grésivaudan, la thématique n’était donc pas portée à l’échelle du territoire. Quelques années plus tard, un poste de vice-président en charge de la SI a été créé. L’annuaire des acteurs de la solidarité est édité régulièrement et l’édito est rédigé par un élu, ce qui l’amène à se positionner. Le collectif a également fait partie du Conseil de développement de la Communauté de communes jusqu’en 2021 et la solidarité internationale a été prise en compte dans la l’accord cadre d’intervention négocié avec la Région. L’ancrage du collectif et son travail a pu être reconnu au-delà de ses activités et notamment au travers des participations croisées d’acteurs qu’il permet, et qui mettent en place un maillage fort, au-delà de la solidarité internationale.
Ce retour d’expérience du collectif du Grésivaudan s’est réalisé lors d’une rencontre régionale organisée par Resacoop et a été partagé au réseau Festisol lors d’un atelier de l’Université d’été des Mouvements sociaux organisée à Nantes en août 2021.