Retour d’expérience du Collectif Chartrain : Un spectacle pour parler de la Syrie dans le cadre du Festisol

Paroles d'acteurs·trices

Le collectif chartrain du Festisol regroupe une douzaine d’associations et deux lycées. Il souhaite toucher un public large tant sur le plan social que générationnel, et ce à travers des propositions éclectiques. Pour cela, son action s’appuie sur différents réseaux et dispositifs, notamment dans une volonté de tissage multipartenarial.

La sensibilisation aux questions sociétales et à l’engagement solidaire est un objectif partagé par les différents acteurs : associations, enseignant.es… L’apport de l’art et de la culture – par leur approche sensible et une expérience à la fois intime, collective et émancipatrice – apparaît précieux pour cette sensibilisation.

Ainsi dans ces perspectives, le collectif chartrain propose depuis deux ans un spectacle professionnel. Il est programmé par la Ligue de l’enseignement d’Eure-et-Loir, en lien avec le Festival Le Légendaire (festival de contes à l’échelle du département) et en partenariat avec une association : le Foyer d’Accueil Chartrain – qui met à disposition sa salle de spectacle – et le Service et de Probation et d’Insertion pour une séance au centre de détention de Châteaudun.

Le spectacle est donc à destination de personnes détenues, de lycéen.nes et du tout public.

En novembre 2022, le spectacle programmé a été Daraya par la compagnie belge Foule Théâtre. Il nous conte l’histoire vraie – inspirée du livre Les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui – de jeunes Syriens qui ont fait vivre, sous les bombes, une bibliothèque clandestine.  La culture et la force de la citoyenneté face au néant d’une guerre fratricide. Le comédien metteur en scène Philippe Léonard croise cette aventure extraordinaire avec ses propres souvenirs d’un voyage particulièrement marquant humainement en Syrie bien avant la guerre.

Le texte du spectacle traduit en arabe est projeté en fond de scène sur un rideau noir.

Lors des représentations pour les personnes détenues, les scolaires et le tout public, des échanges ont eu lieu à l’issue du spectacle avec le comédien Philippe Léonard ainsi qu’avec le traducteur et réfugié syrien Ghiath Nasra.

Les trois séances ont été très fortes et très riches.

Pour la séance scolaire, le spectacle s’inscrivait dans une réflexion autour de la solidarité et de la mobilisation citoyenne dans le cadre d’un chapitre en français sur la littérature d’idées. Les élèves avaient assisté à la projection du documentaire Vert de rage, engrais maudits de Martin Boudot dans le cadre du festival AlimenTERRE organisé au lycée. Il s’agissait d’amener les lycéens et lycéennes à interroger la possibilité de dépasser le statut de témoins voire de victimes, pour devenir acteurs/actrices de la société. L’éducation à la citoyenneté était donc au cœur de la démarche pédagogique.

Le spectacle et la rencontre avec le comédien et particulièrement avec le réfugié syrien ont permis d’enrichir la réflexion et la sensibilisation à une actualité géopolitique – celle de la guerre en Syrie – que les média couvrent moins depuis quelques années. Plusieurs jeunes n’en connaissaient que peu de choses. Le témoignage de Ghiat Nasra – sans pathos mais très touchant et juste – sur son parcours de migrant a permis une incarnation de cette problématique très sensible et médiatique.

Il est important de souligner que les enseignantes engagées dans ce projet veillent à ce que la sensibilisation à ces questions sociétales et à l’état du monde n’ait pas un impact paralysant voire traumatisant pour les jeunes. Il s’agit – tout en étant lucides – de laisser une place à l’espoir et la possibilité d’agir pour une société plus juste, en paix et en harmonie avec le vivant. Encourager les futures générations à la solidarité, à l’engagement et non au désespoir !

Ainsi le spectacle Daraya, par le récit d’une résistance non violente des jeunes Syriens mais aussi grâce au parallèle avec la découverte d’un pays et d’une culture de la convivialité et du partage, constitue une approche positive et humaniste face à la tragédie de la guerre.

De retour en cours de français, quelques jours après la séance, un prolongement autour du livre de Delphine Menoui et d’extraits de son documentaire a été fait et les élèves ont pu donner un avis sur cette expérience : il s’est avéré positif.

Au centre de détention, le public composé d’une vingtaine de personnes détenues a été très attentif pendant le spectacle, sensible aux mots employés, à l’histoire qui lui était contée. La rencontre avec le comédien Philippe Léonard puis les échanges avec le réfugié syrien ont permis à chacun de vraiment prendre conscience de ce qui a pu se passer en Syrie en temps de guerre. Les spectateurs ont été touchés et choqués par le témoignage de Ghiat Nasra, avec son parcours de réfugié et la violence de la guerre qu’il a vécue. Les personnes détenues ont exprimé leur émotion face à ce partage.  

De la même manière la séance tout public a été très intéressante. Les nombreux spectateurs et spectatrices ont été sensibles à la double temporalité du spectacle avant et pendant la guerre, à l’humanité des personnages et du comédien. Les échanges ont porté sur la situation actuelle de la Syrie et la projection dans un futur espéré en paix. Ghiat a pu évoquer son accueil en Belgique, ses liens avec ses proches restés en Syrie, ses liens avec sa famille qu’il a pu faire venir en Europe… ainsi que la démarche artistique autour du spectacle.

A cela s’est ajoutée la présentation, avant chacune des 2 représentations au Foyer d’accueil chartrain, de la présentation du projet associatif de ce dernier par sa directrice. Il s’agit de réinsertion par le logement.

En tout environ 200 spectateurs et spectatrices auront assisté ce spectacle et aux échanges.

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