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07/06/2022
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Festisol News
Ressources et réflexions sur le focus 2022 : « Jeunesses engagées pour vivre l’interculturalité »

Le comité international du Festisol a choisi pour focus 2022 les thèmes suivants : "Jeunesse, interculturalité, vivre-ensemble et engagements". Un focus est un sujet que nous choisissons collectivement de creuser plus particulièrement durant une année. Cela permet de se partager des ressources et des outils pour avancer collectivement et approfondir nos réflexions sur ce sujet. Cela permet également d’axer un peu plus la communication sur un sujet en particulier, notamment vis à vis des médias. C’est donc un moyen d’augmenter la notoriété du Festival des Solidarités. Mais bien entendu, chaque membre du réseau Festisol reste libre de s'en saisir plus ou moins, ou pas du tout !


Afin d’ouvrir la discussion et d’explorer ensemble les enjeux du sujet, nous vous proposons ci-dessous quelques ressources théoriques sur ces thématiques et sur les liens qui peuvent être faits entre elles.

 

L’engagement des jeunes : comment le soutenir et le renforcer ? 

L’engagement des jeunes, notamment au sein de nos réseaux de bénévoles parfois vieillissants, est un enjeu très étudié et commenté. Ses implications sont multiples : enjeux de représentativité, d’adaptation aux nouvelles formes d’engagement, de relations intergénérationnelles...


Ainsi, il n’est pas nouveau de se questionner sur l’engagement des jeunes et sur le renouveau qu’il apporte (ou non) à nos réseaux. A titre d’exemple, les nouveaux modes d’organisation en réseau portés par les jeunes au sein des mouvements altermondialistes ont fait l’objet d’analyses poussées. Pourtant, de nombreux clichés sont toujours véhiculés autour de l’engagement des jeunes.Le désintérêt de nombreux jeunes envers les associations pyramidales ou envers les partis politiques traditionnels est souvent considéré comme un « désengagement » ou une « dépolitisation » de la jeunesse. Or, si les modes d’engagement peuvent différer, tendre vers plus de souplesse, et rechercher des résultats plus immédiats et palpables que par le passé, cela ne rend pas l’engagement des jeunes moins réel ou moins réflechi.  


La recherche d’espaces nouveaux d’engagement et de formes nouvelles témoigne bien souvent d’une insatisfaction des jeunes par rapport au caractère trop institutionnel et pas assez politique de l’engagement proposé par les grandes organisations, et à plus forte raison, par l’Etat, dont on peut au passage critiquer l’approche volontiers opportuniste lorsqu’il s’agit de déléguer à des bénévoles ou à des volontaires des pans entiers d’une action sociale relevant du service public.


Plusieurs études témoignent de la contribution de l’engagement des jeunes à la décision démocratique, à la cohésion sociale, au bien-être des personnes et à l’animation des territoires. C’est notamment le cas pour les jeunes issus de l’immigration. Cette dimension politique et démocratique est apparente dans de nombreux nouveaux mouvements de jeunes


Toutefois, pour faire face aux clichés et généralisations sur l’engagement des jeunes, il est important de ne pas oublier la diversité de cet engagement, notamment en raison de la multitude de facteurs socio-démographiques influençant les modes et raisons de l’engagement , notamment pour les jeunesses les plus marginalisées. Il n’est par exemple pas possible de catégoriser simplement l’engagement des jeunesses issues des migrations à travers une approche culturaliste.

Afin d’accompagner au mieux l’engagement des jeunes, notamment au sein de nos réseaux, des outils et conseils pratiques sont disponibles. Pour ne pas laisser les jeunes sans soutien, mais ne pas les enfermer non plus dans des visions préconçues, il est selon nous nécessaire d’adopter une posture d’allié.e.s et de soutien.


S’engager pour une interculturalité critique : au-delà du vivre ensemble ? 

Deuxième « pilier » du focus Festisol 2022, la question de l’interculturalité est, comme celle de l’engagement des jeunes, riche, vaste et complexe, et n'est donc pas vide de tensions et d'incompréhensions. De plus, les acteurs et actrices du Festisol sont depuis toujours en lien avec le monde de la culture, et il nous semble donc important d'explorer en quoi la culture est en lien avec les valeurs de solidarité et de diversité culturelle.


Si le sujet de l’interculturalité dans les actions d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale n’est pas nouveau, notamment dans le cadre de la préparation de voyages à l’étranger ou pour aborder la question des migrations en France, il nous semble utile de questionner certaines manières d’aborder l’interculturalité dans nos réseaux. En effet de nombreux acteurs associatifs cherchent à dépasser les visions de l’interculturalité qui célèbrent la diversité sans poser en même temps la question de la justice sociale et de relations de pouvoir entre groupes culturels dominants et dominés, car ils estiment que ces vision contribuent finalement à promouvoir un cadre de « valeurs communes » présentées comme universelles mais issues en réalité de la tradition occidentale (les droits individuels, la démocratie, etc). Ces acteurs prônent au contraire une éducation à l’interculturalité critique et politique.  

Cette vision de l’interculturalité critique vise ainsi à considérer les rapports de domination au lieu de les occulter, et valorise une approche décoloniale de la pédagogie, qui ne se réduit pas au constat de différences culturelles, mais invite à envisager des compréhensions du monde alternatives qui peuvent enrichir nos projets de transformation sociale, comme la conception sud-américaine du Buen vivir par exemple. Ainsi, la visée de l’interculturalité critique serait de construire, sur la base de visions différentes, un projet politique, social, épistémique et éthique dirigé vers une transformation de notre société et vers la suppression des rapports de domination.


Cette approche décoloniale, opposée à un universalisme occidental et oppressif, fournit aujourd’hui une base intellectuelle à de nombreux mouvements antiracistes en lutte face à une pensée colonialiste toujours présente et aux conséquences concrètes au Nord comme aux Suds. Si l’approche décoloniale est au coeur de nombreux débats contemporains, et vient percuter une tradition universaliste particulièrement forte en France, il est utile selon nous de s’intéresser à ce qu’englobe réellement cette perspective, et de se questionner sur ce qu’elle permet en matière de relecture de notre passé et de construction d’un avenir commun intégrant les différentes histoires, cultures et identités. L'interculturalité critique et l'approche décoloniale permettent par exemple de mieux comprendre l’origine et la persistance des discriminations et du racisme, en prenant en compte les voix et les vécus des premiers et premières concernées.  

Ces visions de l’interculturalité permettent d’interroger nos pratiques et proposent des approches nouvelles de l’art , de l’histoire et de la mémoire ou encore de la transmission des luttes.

 

Jeunesses antiracistes et engagées : révolution, renouvellement ou prise de relai ? 

Les débats et réflexions sur les différentes approches de l’interculturalité et de l’antiracisme ne sont pas récents et ne sont pas seulement portées par des jeunes. Toutefois, on peut constater que de nombreux jeunes trouvent dans les approche décoloniales un fort intérêt et que cette nouvelle génération contribue à faire évoluer tant les mots d’ordre des luttes antiracistes françaises que leur vocabulaire et leurs modes d’action. De nombreux mouvements placent les jeunes, et notamment les jeunes femmes, en tête de file des luttes antiracistes. Cette approche nouvelle se retrouve ainsi dans des mobilisations larges telle que la campagne antiracisme et solidarités


Or, si certaines questions interculturelles restent clivantes au sein même des organisations antiracistes, comme la notion de la non-mixité, du voile islamique ou de l’appropriation culturelle, la diversité des luttes de jeunesses et des luttes antiracistes ne doit pas selon nous être perçue comme un problème ou un risque mais au contraire comme une stimulation au débat de fond et finalement un levier de renforcement des mobilisations progressistes.

 
Certaines des réflexions ou prises de positions partagées ci-dessous vous étonnent ou vous interrogent ? Certaines réflexions ou ressources importantes vous semblent manquer ? N’hésitez pas à nous faire part de vos réactions et suggestions pour enrichir cet article. Notre but est de stimuler la réflexion sur ces sujets afin de pouvoir, lors des actions et animations du prochain Festival des Solidarités en novembre,contribuer à faire vivre ce débat, pour avancer ensemble vers une société plus ouverte, solidaire et débarrassée des oppressions qu’elles soient culturelles ou non ! 

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